Pourquoi l’IA n’est pas toujours la meilleure solution
Il est facile aujourd’hui de verser un texte dans un moteur de traduction automatique (TA) ou dans une intelligence artificielle (IA) et d’obtenir une traduction très acceptable dans la langue de son choix. Facile aussi d’utiliser un logiciel d’interprétation pour échanger avec des locutrices et locuteurs d’une autre langue… à condition que le texte ou le discours soient relativement simples et à condition d’avoir pris les précautions requises.
Voici quelques informations et conseils qui vous aideront à faire bon usage de ces outils.

Comment fonctionnent les moteurs de traduction automatique (TA)?
Les moteurs de TA sont constitués à partir de bases de données linguistiques multilingues et sont ensuite entraînés à apparier des segments ou phrases selon leur sens. Cet entraînement est rendu possible par ce que l’on appelle des systèmes de traitement neuronaux censés reproduire, du moins en partie, le fonctionnement du cerveau humain. C’est ce qui leur permet d’aller au-delà du simple appariement de segments et de tenir compte du contexte du document traduit et, ainsi, de proposer une traduction et une terminologie plus exactes.
Il faut cependant savoir que ces systèmes de traduction automatique neuronale (TAN) ne font que reproduire, après traitement, ce que l’on y a introduit. Par conséquent, la qualité de la traduction produite est directement proportionnelle à celle des bases de données qui alimentent le moteur. C’est pourquoi, plus un texte est spécialisé, moins la traduction est fiable. Le système ne tient pas compte non plus de l’uniformité terminologique, ce qui peut poser problème dans des textes contenant des termes définis ou ayant plusieurs synonymes.
Il existe des systèmes plus spécialisés qu’il est possible d’entraîner à mesure qu’on les utilise et que l’on corrige les traductions produites. Ils nécessitent cependant un investissement considérable, ils ne sont pas offerts au grand public et, évidemment, ils ne sont pas gratuits.
TAN ou IA générative?
Les deux sont alimentés par de grands modèles de langage et les deux sont basés sur des systèmes neuronaux. Le traitement est cependant différent. En termes simples, la TAN traite le document phrase par phrase, alors que l’IA générative « comprend » le texte source et génère un texte cible équivalent. Le résultat est moins précis dans le deuxième cas selon plusieurs recherches menées par des spécialistes du domaine.
Confidentialité et cybersécurité
Les bases de données des moteurs de TA s’enrichissent à mesure des textes qu’on y introduit. Les conditions d’utilisation de certaines applications grand public les plus utilisées précisent d’ailleurs que tout texte saisi dans le système est réutilisé. Cela pose problème sur trois plans : la qualité, la confidentialité et la cybersécurité.
Sur le plan de la qualité, si le moteur s’autoalimente et que la traduction n’est pas de bonne qualité à la base, cette qualité s’amoindrit avec le temps.
Sur le plan de la confidentialité, il faut garder en tête que toute information saisie dans ces systèmes est automatiquement absorbée et réutilisée d’une manière ou d’une autre. Elle ne ressortira pas telle quelle, mais peut parfois être facilement reconnaissable. Il est déjà arrivé qu’un contrat confidentiel traduit à l’aide d’un moteur de traduction grand public cause une violation de confidentialité suffisante pour faire déraper une opération financière importante.
Sur le plan de la cybersécurité, il va de soi que toute information confidentielle saisie dans ces systèmes devient vulnérable à toute cyberattaque. La sécurité des renseignements est également en jeu parce que les serveurs de ces moteurs sont souvent situés dans d’autres pays que le Canada. Si votre entreprise manie des renseignements personnels ou d’autres données confidentielles, il faut sûrement que ses serveurs soient situés au Canada. Utiliser un moteur grand public entraîne automatiquement une violation de cette règle.
Quand et comment utiliser la TA?
Les moteurs de TA accessibles en ligne sont des outils parfaits pour qui veut comprendre le contenu général d’un texte ou traduire rapidement un court document de nature générale, destiné à un public restreint. Ils donnent souvent de très bons résultats sur les documents de nature générale ou légèrement spécialisée.
Ils présentent cependant des risques sérieux dès lors que vos documents sont sensibles et confidentiels ou qu’ils relèvent de domaines spécialisés qui requièrent une terminologie et un langage spécifiques. Dans ce cas, il est préférable de s’adresser à une traductrice professionnelle ou à un traducteur professionnel.
Guide de décision rapide
Pour…
Comprendre le sens général d’un texte en langue étrangère pour son propre usage.
Réponse: IA
Traduire un message simple et non confidentiel destiné à une seule personne ou à un groupe restreint.
Réponse: IA
Traduire un message contenant des renseignements personnels ou confidentiels.
Réponse: Traduction professionnelle
Traduire un document destiné à la publication.
Réponse: Traduction professionnelle
Traduire un document sensible, complexe ou dans un domaine spécialisé.
Réponse: Traduction professionnelle
Traduire tout document dont une traduction inexacte pourrait causer un préjudice physique, financier ou réputationnel.
Réponse: Traduction professionnelle
Pourquoi faire affaire avec des professionnelles et professionnels agréés?
Les traductrices et traducteurs professionnels connaissent les outils offerts sur le marché et savent comment les utiliser à bon escient. Surtout, ils en vérifient le résultat afin de produire une traduction exacte qui respectera les codes, la terminologie et le langage du domaine concerné. Une ou un prestataire de services professionnels de traduction :
- a investi dans un logiciel de traduction dédié qui peut être enrichi et « apprend » à mesure des corrections apportées à la sortie brute;
- alimente la base de données de ce logiciel à partir de traductions dont la qualité a été contrôlée;
- crée des glossaires terminologiques qui permettent une plus grande uniformité et une adaptation au vocabulaire de chaque cliente et client;
- sait conseiller sa clientèle sur le processus le plus adéquat selon le document et la situation;
- engage sa responsabilité civile professionnelle;
- obéit à un code de déontologie et à des règles de pratique exemplaire.
Demander la révision d’une sortie machine : une fausse bonne idée
De plus en plus, les traductrices et traducteurs professionnels se font demander de réviser un texte préalablement traduit à l’aide d’un moteur de TA. Cela n’est pas toujours avantageux pour la clientèle.
Selon la complexité du sujet, la qualité de la rédaction et le système utilisé, la traduction peut prendre beaucoup plus de temps à réviser et coûter finalement plus cher que de faire appel, dès le départ, à une professionnelle ou un professionnel du métier. Comme le dit un vieil adage, le bon marché revient cher.